SPEAKEASYS

Par la porte de derrière

Un mot de passe, une minuscule porte rouge, un passage à travers une chambre froide ou une laverie - les bars secrets appelés « Speakeasys » sont la nouvelle tendance à Paris.

Une visite dans le « Blaine Bar » à l’ambiance tamisée (65 rue Pierre Charron) s'avère très instructive, surtout si l'on se perd dans le fumoir où est accroché le document historique. Car si Paris a depuis toujours la réputation d’être la ville de l’amour, c’est moins pour son côté romantique que parce qu’elle était un bastion de la prostitution légale à la fin de la 2e guerre mondiale. Une liberté sexuelle dont témoigne aujourd'hui ce drôle de document.

Le « Blaine Bar » qui se cache dans une petite rue près des Champs-Elysées, joue avec d'autres charmes, de l’interdit et du secret. Aucune enseigne dans la devanture, aucune fenêtre ne donne sur l’extérieur pour prouver son existence. C’est un des nombreux « Speakeasys » qui fleurissent actuellement partout dans la capitale. Ces bars secrets rappellent l’époque de la prohibition américaine dans les années 20 où l’alcool n’était servi que dans des lieux tenus cachés. Et où il fallait parler à voix basse - d’où le nom de « Speakeasy ». Aujourd'hui, il faut envoyer un message privé sur Facebook aux propriétaires des lieux pour recevoir un mot de passe qui change chaque semaine. Après avoir traversé une cour intérieure, on rejoint une cave où des serveurs habillés en noir coiffés de chapeaux Fedora préparent de raffinés cocktails sur des airs de jazz.

Le bar « Moonshiner » est installé près de la place de la Bastille (5 rue Sedaine). À première vue, c’est une pizzeria rien de plus normale (de plus, la pizza est bonne), mais derrière la porte de la chambre froide, c’est le retour aux années 20. Une fois un petit choc thermique passé, le cœur est vite réchauffé par la douce musique Swing, la fidèle reconstitution du décor et les cocktails Old-Fashion bien corsés, le tout tenu par des italiens couverts de tatouages.


Le bar « Little Red Door », 60 rue Charlot dans le 3e arrondissement tire son nom de sa minuscule porte rouge donnant sur la rue, dans laquelle il faut se faufiler comme Alice au pays des Merveilles. À l'intérieur, une ambiance douillette et confortable avec des canapés en velours bleu, où sont servis des tapas raffinés, des spiritueux de petites distilleries françaises et des cocktails totalement surprenants aux arômes de betterave rouge, carotte ou sésame. Dans tous ces bars, la clientèle est majoritairement composée de couples ou de couples en devenir qui souhaitent rester cachés. Car si Paris est la capitale de l’amour, c’est aussi celle de l’infidélité. Mais ça, je vous en parlerai dans d’autres lieux.

Fotos © Mohé